Ca commence souvent par des : "tu as vraiment un corps de rêve..." Ca continue par des "Je sais que toi aussi tu le veux..."
Et ca se termine très souvent par des : "Avoues que tu as aimé, même si au début tu faisais genre..." Si ces paroles vous invoquent du dégoût, de la honte et peut-être de la haine alors vous êtes bien un humain, mais sachez que vous n'avez alors ressenti que la troisíème dérivée par au rapport temps de la douleur d'une victime d'agression sexuelle.
Que disent les statistiques?
Dans le monde (ONU Femme), on estime que 736 millions de femmes - soit près d’une sur trois - ont subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, et/ou des violences sexuelles de la part d’une autre personne (30% des femmes de plus de 15 ans. https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures
Selon l’enquête Cadre de vie et sécurité (Source: INSEE France), chaque année, entre 2011 et 2018, 200 000 personnes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences sexuelles, dont 176 000 par une personne ne vivant pas avec elles, c’est-à-dire hors ménage. Parmi ces victimes, 27 % ont subi un viol, 16 % une tentative de viol et 29 % des attouchements du sexe . Ces atteintes concernent davantage les femmes (77 %) et les jeunes de 18 à 29 ans (44 %). Plus de la moitié des victimes connaissaient personnellement leur agresseur (51 %) et dans 35 % des cas, l’agression s’est déroulée au domicile de la victime.
Le moins qu'on puisse dire en prenant compte de ces chiffres c'est qu'il y a un vrai problème. Mais avant toute analyse permettez moi de vous donner la définition d'une agression sexuelle. Une agression sexuelle représente toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. Si cette agression évolue jusqu'à la pénétration alors il s'agit d'un viol. Il existe des cas de figure qui peuvent soulever le doute sur la nature agressive ou sexuelle, notamment:
une victime qui n'est pas en capacité de dire non clairement ou de se défendre, car captive de son bourreau psychologiquement;
une victime en état d'ébriété ou sous l'emprise de stupéfiant;
une victime d'attouchements en plein transport ou dans la foule;
une femme mariée ou un homme marié sous la contrainte de son partenaire.
Tous ces cas et sûrement beaucoup d'autres sont considérés et surtout ressentis comme des agressions sexuelles sans aucun doute. Il est question de violence, de non consentement et d'exploitation de faiblesse de l'autre. Ce qu'il faut savoir c'est que jusqu'à nos jours il y a des cieux sous lesquels ces mots sont tabou et donc mis en dessous du tapis sous pretexte d'heurter les sensibilités ou d'exposer l'intimité de la victime au monde. Et c'est aussi pour combattre cette mentalité que naît le slogan : LA HONTE DOIT CHANGER DE CAMP!
Que racontent les histoires
Les histoires que je m'en vais vous raconter sont des témoignages, des vécus, des expériences réelles que des inconnus et des personnes proches ont fait le choix de faire vivre à des êtres humains comme eux. Le but est de vous plonger dans la noirceur de certains actes pour vous permettre d'avoir un apercu assez détaillé de ce qu'ont vecu les victimes d'agression sexuelle. Comme on le dit souvent pour les films d'horreur: âmes sensibles prière de s'abstenir.
Victime 1: Je suis un jeune homme et j'ai été victime d'une agression sexuelle continue pendant mon enfance.
La nounou qui s'occupait de moi me demandait de lui lêcher l'entre-jambe lorsque mes parents n'étaient pas là. Je le faisait sans discuter, je me pliais à ses désirs et à partir d'un certain moment j'ai commencé à le faire sans qu'elle ne le demande, j'ai probablement développé le syndôme de stokholm envers elle. J'avais 9 ans, je ne savais pas ce que c'était. Aujourd'hui je sais que j'ai été victime d'une agression sexuelle. Je ne l'ai vraiment jamais raconté à personne, j'ai grandi avec ca et j'ai fait tout pour enterrer cet épisode de ma vie, mais aujourd'hui j'éprouve un certain soulagement en parlant de ca avec d'autres victimes.
Victime 2: Je suis une femme et j'ai été victime de tentative de viol lors d'un séjour chez des amis. Je suis allée leur rendre visite dans une ville pas loin de chez moi et parmis eux il y'avait un jeune garcon qui me faisait la cour. Un soir, ils voulaient sortir pour aller s'amuser, ils m'ont prosposé de les accompagner mais j'ai préféré rester dans la maison où nous séjournions tous ensemble, car j'étais fatiguée. À ma grande surprise 30 min après qu'ils soient tous sortis,l'un d'entre eux revient tout seul (celui qui me faisait la cour) dans la maison, se rapproche de moi et me tient un language que je ne comprends pas. Il avait bu, et fumé.Il me dit qu'il a envie de me toucher juste un peu, je refuse et je lui dis non, il devient insistant et me dit qu'il ne peut pas se retenir, il me prend les deux poignets et me
pousse sur le lit. Je me sens impuissante, vulnérable et dégoutée, je m'interdis de crier car j'ai honte et j'ai peur de répondre à la fameuse question : TU FAISAIS D'ABORD QUOI LÀ-BAS?. Donc je me débat, je lui dis d'arreter, je sens sa respiration sur mon cou, ses baisers sur mon torse et je revois mes pieds gigoter entre les siens. Finalement je trouve les bons mots, je lui rappelle que nous ne sommes pas seuls et que c'est mieux qu'on prenne notre temps, que j'ai bien envie de le connaitre mais pas comme ca. Il se ressaisit et me lâche, je suis sauvée mais traumatisée, j'ai encore honte et je me sens mal et seule, mais j'ai pu éviter le pire.
Victime 3: Mon cousin a voulu qu'on couche ensemble un soir où il est passé me rendre visite. J'avais l'habitude de discuter avec lui quand j'allais mal ou lorsque ma relation avec mon cheri battait de l'aile. Un jour il est venu chez moi pour manger et chiller, la nuit tombée et la ville de Yaoundé trop insécuritaire il a décidé de passer la nuit avec moi et de rentrer au petit matin. Cette nuit là je n'ai pas pu fermer l'oeil, il me touchait, me cherchait avec des caresses et me chuchotait qu'il avait besoin de chaleur. Je le repoussais avec véhemence mais sans succès, il était tenace, il voulait me convaincre qu'il n' y avait rien de mal à ca et me rassurait que j'allais aimer. J'ai passé cette nuit à l'éviter au point de dormir sur le tapis pour fuir. J'ai vecu cette expérience comme une torture émotionnelle sans pareil. Il était incestueux et donc sexuellement agressif.
Que faire dans ces cas?
Pour ma part, dans un premier temps il faut conscientiser le plus possible sur ces actes malveillants. Informer autant que possible sur ce qui peut être considéré comme une agression sexuelle, pourquoi et comment y faire face. Ce mois d'Avril est le mois de la prise de conscience. Prenons ensemble conscience de ces maux qui minent notre société et sachons agir avec empathie et sociabilité face à ca.
Concernant les victimes, que vous soyez au Cameroun, en Allemagne, ou dans d'autres contrées de ce monde, la procédure à suivre en cas d'agression sexuelle est à quelque chose près la même. Dans un premier temps il faut se rendre dans le commissariat de police le plus proche ou de ce qui s'en rapproche le plus en fonction de votre lieu de résidence pour porter plainte. Si l'agresseur n'est pas connu, vous pouvez porter plainte contre inconnu. Il est salvateur pour vous et pour d'autres d'arreter de se taire.
Ensuite, selon les cas vous êtes directement dirigés vers un médécin légiste ou un professionnel de santé pour faire un constat des faits. Vous pouvez le visualiser comme des policiers qui viennent sur les lieux d'un accident pour faire un constat. Le médécin en question déterminera les dégâts et donnera son rapport pour complément de votre dossier de plainte à la police.
La prochaine étape constitue la plus dure à mon avis, car il s'agit d'en parler avec un sexothérapeute ou un pyschologue avisé, ou encore pour des personnes incapables de voir ces corps du metier, de raconter leur histoire à une personne de confiance. Je sais ,c'est une étape difficile parce que pour raconter ce qu'elle a vecu, la victime va devoir se rappeler, donc revivre ce cauchemar.
Mais il est plus que nécessaire que ce soit fait, car c'est aussi cette vidange qui permet de libérer une partie de la culpabilité que portent souvent les personnes agressées. Elles sont souvent hantées par le poids de cette culpabilité qui les pousse à se dire que si elles avaient fait quelque chose différement ce jour, peut-être rien de tout celà ne serait arrivé. FAUX! Un agresseur décide en âme et conscience de commettre un crime et est de fait l'unique responsable de cet acte. Enfin il est conseillé de faire un travail sur soi, de réapprendre à s'aimer , à se valoriser en passant des moments de qualité avec des proches, en se donnant de la valeur, en se faisant plaisir. Tout ceci dans le but de guerrir un jour et d'effacer peu à peu le traumatisme. Nous sommes d'accord, il ne s'agit pas de prendre une tasse de thé mais bien de boire une mer. Mais selon moi, à force d'essayer on fini par remplacer les mauvais souvenirs par de beaux et qui sais, peut-être réussir à oublier. Pour toute forme de soutien et aide contactez:
Si vous êtes au Cameroun l' A.L.V.F (Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes)
Si vous êtes en Allemagne BFF (Bundesverband der Frauenberatungsstellen und Frauennotrufe)
Ou encore pour les agresssions en millieu professionnel Antidiskriminierungstelle des Bundes
Je vais m'arreter d'écrire à ce niveau, car je pense vous avoir donné assez de matière pour considerer le problème comme il se doit. Il n'est pas question ici de vous faire vous sentir mal, il est encore moins question de vous faire culpabiliser, cet article a pour but de vous sensibiliser sur ces questions profondes très souvent peu abordées dans notre communauté. Je déplore néanmoins le fait que de nos jours les actes de violence et d'agerssion soient souvent relégués au second plan, voir même au troisième. Il n'y a qu'à se pencher sur la qualité des condamnations en cas de culpabilité d'un agresseur. Ils passent un temps limité en prison, mais les séquelles de leurs actes sur la victime laissent une trace indélébile. Tout ceci m'interpelle et me pousse à nous inviter à nous poser cette question:
BEWARE!
Rédactrice: Sorelle Foudjo
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